La jungle est-elle un avenir urbain?
A l’heure où nous prônons l’arrivée de la 5 G, nous nous réjouissons d’avoir un monde de plus en plus connecté où tout va plus vite. Nos trains, nos avions relient nos capitales en quelques heures seulement. Nous sommes dans une société qui valorise l’impatience. Et paradoxalement, malgré cette frénésie, nos chers collaborateurs démontrent un certain désengagement pour leur travail, soit plus de 91% selon une étude récente. A l’heure des burn-out, bore-out et des brown-out, ils sont seulement une petite minorité (bien que grandissante) à oser sortir de cette cage dorée pour retrouver une vie qui a du sens.
Face à ce constat, la nouvelle génération (encore lycéenne ou étudiante) semble mener un tout autre combat. Alors que les précédentes générations militaient pour des causes politiques ou entrepreneuriales, ces jeunes s’engagent, quant à eux, pour leur avenir, à l’image de Greta Thunberg. Cette étudiante suédoise de 16 ans est le précurseur du mouvement mondial pour le climat.
Et si justement ces jeunes pointaient du doigt les réelles causes du mal-être des salariés des entreprises d’aujourd’hui ?
En effet, en s’engageant pour la planète, cette nouvelle génération démasque les effets pervers de notre modèle économique, de notre société consumériste et protocolaire (en référence à Roland Gori – la fabrique des imposteurs). Ainsi, elle remet en cause notre frénesie vers l’ascension sociale. La cage (plus ou moins dorée) de cet ascenseur a pour fonction de monter et de descendre. Si beaucoup d’entre nous, vivent dans un ascenseur (social), cette nouvelle génération, quelque peu claustrophobe, semble s’engager pour une nouvelle destinée, celle d’une vision plus écologique, sociale et solidaire.
Un mouvement écologique mondial pour la protection de notre planète se met progressivement en place. Reste alors, à convaincre l’état, les entreprises et la démarche citoyenne dans sa globalité pour évoluer vers une transition écologique. La planète ne fonctionne pas selon le rythme des entreprises : Il n’y a pas de plan B, il n’y a pas de planète de rechange !
Le Giec (suite à son rapport 2018) insiste, par exemple, sur la nécessité d’agir pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle. Nous observons impuissants à la montée des eaux, aux tempêtes, aux incendies lors de pics de chaleurs. Par notre inaction, nous programmons notre propre disparition de l’espèce humaine, tout comme, il y a quelques millénaires disparaissaient les dinosaures. Dans quelles conditions l’homme vivra-t-il dans 20, 30 ou 50 ans ? Quelle vie offrons-nous à nos enfants ?
Aujourd’hui, notre modèle économique rend la vie, de plus en plus, urbaine, entrainant avec elle, de nouvelles problématiques majeures. La ville cannibalise nos ruralités. Cela signifie que plus de la moitié de la population vit en ville. En 2050, elle représentera plus de 60%. Comment la ville pourra-t-elle nourrir plus de 7 milliards de bouches (dans 50 ans) alors que nos campagnes disparaissent ? Après avoir puisé toutes les ressources naturelles et avoir rejeté les déchets polluants, ces villes parasites engloutissent, à grande vitesse, la nature. Les sols devenus imperméables ne peuvent alors plus produire. La prochaine crise économique que nous pourrions connaitre, qu’elle soit alimentaire et/ou climatique, sera probablement écologique si nous n’agissons pas.
Le schéma d’un grand nombre d’entreprises actuelles semble s’engouffrer dans la recherche obsessionnelle de l’accroissement du profit au dépit de la destruction des ressources, d’origines naturelles (réchauffement climatique, pollution) et humaines (salariés en perte de sens).
Or, pourrions-nous concevoir un modèle économique qui soit à la fois protecteur de ces ressources (naturelles et humaines) tout en étant créateur de valeur ?
Cette interrogation, nous sommes très nombreux à nous la poser. J’ai passé plus de dix années à interroger des salariés urbains, en tant que consultante en recrutement. J’ai été alarmé par les discours. Plus de 90% des cadres en milieu de carrière que j’ai rencontré souffraient d’une perte de sens de leur travail et d’absence d’une vision claire au sein de leur entreprise. Enfermés dans leur cage dorée (et de ce fait dans leur zone de confort), ces cadres (middle management) espéraient changer de job pour retrouver un sens à leur vie professionnelle. L’herbe serait-elle plus verte ailleurs ?
Parmi ceux-là, une petite minorité de cols blancs décident, chaque année de s’affranchir de cette quête vers l’ascension sociale, de cette dissociation entre leur moi authentique et leur vie professionnelle pour vivre leur propre vie. Dans ce modèle, la vie n’a alors plus de valeur financière. Ils étaient cadres dans la finance, dans le marketing ou dans la communication et désormais ils sont jardiniers, restaurateurs, apiculteurs. Leur engagement devient, indirectement, un acte social et solidaire dans le respect de la faune et de la flore.
Même s’ils sont encore une petite minorité à franchir ce cap, ils sont beaucoup à désirer une reconversion professionnelle pour changer radicalement de vie et congruer vers leurs propres valeurs internes.
La vie urbaine et la vie en entreprise sont devenues une véritable jungle. Tout plaquer, pour ouvrir des chambres d’hôtes dans le Larzac serait le souhait de beaucoup de cadres aujourd’hui. Mais, alors que les villes empiètent à grands pas sur les ruralités, des collectifs ont vu le jour depuis les années 90 (notamment à New-York) réintroduisant la nature au cœur des villes sous une forme kaléidoscopique : c’est la naissance de l’agriculture urbaine !
Cette nouvelle forme d’agriculture, « de jungle » incite à un nouveau mode de vie créateur d’une toute nouvelle économie et l’apparition de nouveaux métiers. Si la vie en entreprise est une jungle, le concept de jungle urbaine, quant à lui, favorise un meilleur épanouissement et un équilibre de vie sur le plan personnel et professionnel ainsi qu’une harmonisation de notre écosystème : la biodiversité.
La jungle urbaine est notre avenir !